Le parcours s’est enrichi en juin 2023 d’une œuvre de l’artiste brésilien Henrique Oliveira, située sur les hauteurs de Burzet, au bord de la tourbière de la Verrerie.


« De la même manière que mes œuvres nécessitent beaucoup d’efforts dans leur conception et leur fabrication pour s’approcher d’une forme naturelle, l’humanité doit aujourd’hui fournir des efforts considérables pour renouveler son rapport à la nature afin de prendre soin du vivant. »

Henrique OLIVEIRA

L’œuvre

La figure de l’Ouroboros a été la source d’inspiration de cette œuvre d’Henrique Oliveira. Présente dans nombre de cultures tout autour du globe, Ouroboros est un serpent ou un dragon se mordant la queue et formant ainsi un anneau. Tantôt symbole du cycle du temps ou des saisons, de l’enceinte et de la protection, du danger, de la renaissance, de l’unité, du mouvement, elle est cette forme qui tourne sur elle-même.

Jouant ici une matérialité toute organique, la forme serpentine apparaît pour la première fois dans son travail pour nouer un dialogue fécond avec le site. Dès sa découverte de la tourbière, il a souhaité concevoir une œuvre qui semble appartenir au site, comme si elle émergeait de la peau du sol. Ainsi, de loin, sa présence est quasi animale alors qu’elle devient végétale à l’approche. Le choix qu’il a fait ici de mêler du bois de récupération à des branches et de l’écorce naturelle accentue encore cet effet organique. En insufflant une nouvelle vie à ce que nous considérions jusqu’alors comme des déchets, il donne forme à l’idée même du cycle de la vie : naissance, développement, dépérissement, mort, renaissance. La forme en nœud dont les branches reviennent sur elles-mêmes évoque tout à la fois l’écosystème auto-fécond propre à la tourbière et la temporalité millénaire nécessaire pour que l’eau transforme la matière en cette “roche végétale“ qu’est la tourbe, rendant perceptibles deux phénomènes invisibles à l’œil nu.

En contraste avec la Tour à Eau de Gilles Clément dont l’appareillage de pierre s’élève vers les cieux, Henrique Oliveira propose ici une œuvre à l’apparence plus fragile, horizontale, en écho au cours indolent de l’eau sur ce site aux caractéristiques paysagères et biologiques exceptionnelles.

L’artiste

Né en 1973, Henrique Oliveira quitte sa ville natale d’Ourinhos (Brésil) en 1990 pour étudier les arts visuels à l’université de São Paulo. Passant de la peinture à des formes oscillant entre architecture et sculpture, les œuvres d’Henrique Oliveira se fondent sur une technique qu’il affectionne particulièrement : l’assemblage de lamelles de bois usagé – notamment issues des Tapumes, palissades de protection de chantier typiques au Brésil – grâce auxquelles il réalise des sculptures brutes de grand format ou des installations in situ. Le bois autrefois extrait de la nature et transformé en produits industriels standardisés, jeté après usage, est ainsi récupéré par l’artiste qui lui insuffle une seconde vie sous cette forme éminemment artificielle et si trompeusement naturelle.

Le site

La tourbière de la Verrerie se situe sur le plateau ardéchois, sur la commune de Burzet. Elle s’étend sur environ 11 hectares et fait partie du haut bassin de la Loire, côté Atlantique de la ligne de partage des eaux. Le bassin versant de la tourbière est de taille assez réduite et majoritairement boisé (plantations résineuses et hêtraies sapinières).

Vue sur la tourbière haute, au fond le Suc du Pal – Grégoire Edouard

La tourbière de la Verrerie constitue un milieu d’une richesse exceptionnelle, tout en fournissant de nombreux services au territoire et ses populations. Le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) Rhône-Alpes, propriétaire du site, en assure la gestion (restauration des milieux, pratique pastorale, suivi scientifique) et la valorisation.

«Sur le plateau ardéchois, à plus de 1000 mètres d’altitude, les conditions climatiques et hydrologiques ainsi que des pratiques agricoles adaptées ont favorisé le maintien des tourbières (appelées aussi narces ou sagnes) qui font partie intégrante de l’identité de ce territoire. Souvent décrites comme d’immenses «éponges», les tourbières jouent un rôle hydrologique essentiel : elles sont capables de stocker l’eau pendant les périodes pluvieuses, et la restituer aux cours d’eau et aux nappes phréatiques ! En période sèche, elles constituent des zones de pâture appréciables pour les troupeaux. Ces milieux regorgent de richesses naturelles insoupçonnées, avec une faune et une flore variées et de grand intérêt patrimonial.
Ce sont aussi des championnes du stockage de carbone, ce gaz à effet de serre qui participe au changement climatique. À l’échelle mondiale, la quantité de carbone stockée par les tourbières est quasi-équivalente à celle contenue dans l’atmosphère. Raison de plus pour les préserver… » SICALA / CEN Rhône-Alpes, 2020

A 150m en suivant la piste vers le sud, retrouvez une table d’interprétation sur le fonctionnement de la tourbière installée par le CEN.

Pour aller plus loin : livret du Conservatoire d’espaces naturels sur les tourbières du Massif-central

Ce site est aussi marqué par une histoire industrielle dès le XVIIème siècle, dont la tourbière tire son nom : une verrerie forestière. Sous l’impulsion de la seigneurie de Burzet, l’activité verrière s’est déployée jusqu’en 1760 environ, pour la fabrication de verre de gobelèterie et à vitre, grâce à toutes les matières premières naturelles disponibles sur place : silice, potasse, bois, tourbe et eau. Les ruines sont aujourd’hui encore visibles aux abords de la tourbière.

La halle aux diables de Bauzon – Cahiers du Mezenc -2017 – n°29

Pour en savoir plus

Reportage vidéo : Notaires et Conservatoire d’espaces naturels témoignent avant l’arrivée de l’œuvre

Le reportage vidéo : les partenaires mobilisés autour de projet – mai 2023

Podcast à écouter

Les partenaires du projet

Cette œuvre a été rendue possible grâce au mécénat de la Compagnie des Notaires de l’Ardèche (#aveclesnotaires07), et avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Le Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes, très sensible à ce dialogue nature – culture a permis sa réalisation, en tant que propriétaire et gestionnaire du site.

Et enfin, la commune de Burzet (commune d’implantation de l’œuvre) et la communauté de communes Ardèche des Sources et Volcans ont notamment permis le dialogue avec les habitants autour de ce projet.

Découvrez le site de la Tourbière de la verrerie

Sur site

Le Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes, propriétaire et gestionnaire du site, a aménagé le site de la zone humide de panneaux illustrés expliquant le fonctionnement de la tourbière.

En randonnée sur le GR®7 (nouveauté 2023)

Sur la ligne de partage des eaux, la randonnée du Tour de la Verrerie permet une autre découverte du site. Avec cette boucle de 10 km vous marcherez le long du géosite UNESCO du cratère de la Vestide du Pal, visiterez la Tourbière de la Verrerie et aussi l’œuvre d’art contemporain d’Henrique Oliveira. Cet itinéraire est en milieu forestier d’une grande diversité de peuplements botaniques et de nombreux myrtilliers sauvages.

Consultez l’itinéraire ICI

Se rendre sur site

Depuis le village de Burzet compter environ 20mn de voiture ; prendre la D289 en direction de Sagnes et Goudoulet – puis en arrivant sur le plateau, indication à gauche route de la Brousse.

Depuis La Brousse (petit espace de stationnement), suivre le GR7 à pied sur environ 25mn direction « Tourbière de la Verrerie ». Le parcours est fléché.

Situation de la Brousse, de la Verrerie et d’Ouroboros (croix rouge)